L’une des trois Simca-Gordini 8 assemblée

Amédée Gordini est un mécanicien et pilote devenu préparateur et constructeur qui a fondé sa marque Gordini, et qui finira par devenir le complice sportif de Renault auquel il sera souvent associé. Sa légende est née dans le milieu des années 30 en banlieue parisienne où ce natif italien transforme les mécaniques des Fiat françaises fabriquées sous licence par Simca et dénommées « Simca-Fiat ». Ses expérimentations, de réglages en transformations, vont le mener très tôt aux 24 Heures du Mans. D’ailleurs la Simca Gordini 8 châssis #823885 tiendra une place centrale dans l’Histoire du « Sorcier » car il sera amené à la piloter lui-même. Engagée dans les courses d'avant guerre au Bol d’Or où Amédée Gordini  remportera la victoire, au Mans, à Spa-Francorchamps ainsi que dans les épreuves les plus prestigieuses de l’après-guerre, son histoire est remarquable ! C’est pour beaucoup la première « vraie Gordini » qu’Ascott Collection a le plaisir de vous proposer aujourd’hui à la vente.

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Quand Amedeo Gordini devient Amédée

Amedeo Gordini, né en 1899, se passionne très tôt pour la mécanique automobile alors en plein essor. Au contact des meilleurs il se forgera une expérience complète. A 11 ans il est embauché dans la filiale Fiat de Bologne sous la direction d'Edoardo Weber, qui lui apprend tous les secrets du réglage des carburateurs, à l'époque le dispositif le plus difficile à régler dans un moteur. En 1920, il travaille au département moteur d’Isotta Fraschini avec Alfieri Maserati. Ses liens avec la marque italienne lui permettront de devenir très proche de l'ingénieur Giacomo Nuvolari. En 1925, grâce à son expérience dans la maison mère, il débarque à Paris pour rejoindre l'atelier « Duval e Cattaneo », concessionnaire Isotta Fraschini pour la France.

En 1926 il ouvrira son propre atelier à Suresnes devenant ainsi concessionnaire Fiat. Il est très proche de la SAFAF, société française qui, dans l'entre-deux-guerres, importe des Fiat pour les habiller en France et contourner ainsi certaines réglementations ou taxes sur l'importation ce qui était courantes à l'époque. La SAFAF devient la Société industrielle de mécanique et carrosserie automobile (Simca) en 1934 lorsque l’engouement pour la 6CV est si fort que Fiat comprend qu’il faut organiser la production et centraliser celle-ci en un seul lieu. Gordini connaît ces « Fiat françaises » et sait qu’elles sont une excellente base pour laisser parler sa créativité. Dans un but publicitaire, Simca laissera Gordini préparer les voitures pour la compétition à ses frais (il se rémunère avec les éventuelles primes aux résultats).

Gordini prépara une 514 Torpedo afin de participer à la Course de côte de Suresnes, une épreuve qui se déroulait sur le Mont Valérien. Le prix était décerné à la voiture la plus lente ! Non seulement il remporta l'épreuve en 1933 et 1934, mais il obtint également le titre de « roi des pilotes lents ».

Son travail s’accélérera avec les Simca 5 (la version française de la Fiat 500 Topolino A) puis la Fiat 508 C !

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La Fiat Ballila 508 C type 8 devient la Simca-Gordini 8

À l'été 1937, Amédée Gordini reçoit dans le plus grand secret l'une des toutes premières Fiat Balilla 508 C type 8, commercialisée sous le nom de Fiat 1100 en Italie et Simca 8 en France. Sa mission : la transformer en voiture de course, avec l'interdiction formelle de la dévoiler avant l'accord de Simca. Le modèle de série ne devait être présenté qu'au Salon de l'Automobile de Paris cette même année.

Dans son atelier de Suresnes, Gordini procède immédiatement au démontage de la carrosserie. Le châssis fait l'objet de nombreux renforts et l’amortissement est renforcé. Les tambours de frein sont remplacés par des éléments en aluminium équipés de moyeux Rudge et de roues à rayons "fil" avec jantes en tôle. Le réservoir d'essence change aussi de position, de porte-à-faux arrière il est repositionné au centre de l'habitacle, sur la droite pour équilibrer le poids du pilote.

La préparation moteur suit les méthodes éprouvées de Gordini : rabotage de la culasse, polissage minutieux des chambres de combustion et des conduits, équilibrage du vilebrequin et des bielles, allègement du volant moteur. Pour l'habillage, Amédée Gordini conçoit une carrosserie s'inspirant des deux Simca Cinq Gordini précédentes, mais avec les ailes intégrées à la partie centrale.

« C’est le charpentier Launay de Suresnes, qui dessine le grand plan à l’échelle 1 explique Christian Huet, auteur du livre Gordini, un sorcier, une équipe. Gabriel Beausser, tôlier-formeur engagé par Gordini en 1936, martel avec une très grande dextérité la tôle d’aluminium de 1mm et de dural de 0,8mm d’épaisseur. L’ensemble est très profilé avec la portière droite plus petite que la gauche et le dessous du châssis, entièrement caréné. La calandre, ornée de l’insigne Simca-Fiat, reprend la forme de cœur de la Simca 8 ».

Amédée Gordini est très vite surnommé le « Sorcier ». Ce surnom lui a été attribué par Charles Faroux, patron du journal l’Auto qui décrivait les performances des Simca 5 Gordini au Mans (victorieuses du classement de l'index en 1937, 1938 et 1939) comme étant le fruit de sorcellerie.

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#823885 victorieuse au Bol d’Or de 1938 avec Amédée Gordini et deux participations aux 24 Heures du Mans en 1938 et 1939

Trois exemplaires de Simca 8 seront modifiés et engagés en compétition par Amédée Gordini : 823885 en 1937, 803247 en 1938 et enfin 810404 en 1939. D’autres Simca 8 ont été engagées aux 24 Heures du Mans mais sans être préparées par Gordini.

La première course à laquelle participe #823885 est le Bol d’Or. Disputée alors à Montlhéry, la course tourne à la faveur d’Amédée Gordini qui pilote seul la voiture pendant 24 heures. Avec 2 456,334 kilomètres couverts avec une moyenne de 102,347 km/h, la « petite » Simca-Fiat a battu toutes les voitures de 1 100 cm³ et même les sportives de 1 500 cm³. La victoire s’est construite à mesure que les autres concurrents essuyaient des problèmes mécaniques. Après 6 heures d’épreuve, Breillet (sur une autre Simca-Fiat) menait la catégorie 1100 cm3 avec 1 tour d’avance sur Gordini, mais 4 boucles de retard sur la tête de course. A mi-épreuve, Breillet et Gordini étaient roue dans roue, à 2 tours de la tête. Puis, avec 6 heures restantes, Gordini émergeait seul devant, comptant jusqu’à 10 tours de marge ! Une victoire fondatrice.

Deux semaines plus tard, #823885 se présente aux 24 Heures du Mans. Avec le n°38 peint sur le côté et la calandre, Jean Breillet et Jean Viale sont contraints de mettre pied à terre après 111 tours (problème de conduite d’huile).

On reverra #823885 aux 24 Heures du Mans en 1939 pour la toute dernière édition disputée avant la Seconde Guerre Mondiale. Désormais confiée à Guy Lapchin et Claude Plantivaux, la Simca-Gordini 8 termine 13e et 2e de sa catégorie. Le succès est total pour Amédée Gordini car il remporte la catégorie sur une autre Simca 8 (châssis 810404), ce qui permet un doublé retentissant devant les Morgan 4/4, Singer Nine Le Mans et autres MG PA et PB.

Entre ces deux escapades mancelles, #822835 est vue au départ des courses d’endurance et autres Grand Prix les plus emblématiques de la période en France : Grand Prix de La Baule, Coupe de Nantes, 12 Heures de Paris. On peut aussi noter un passage par le Tourist Trophy (avec une victoire de catégorie) ou encore un engagement aux 24 Heures de Spa-Francorchamps.

Après la Seconde Guerre Mondiale, la voiture est vendue et engagée par l’Ecurie Blanche et Noire puis les frères Albert et Adrien Alin qui l’engagèrent à plusieurs Grand Prix. Acquise en 1947 par Jacques Lapaillerie, elle fut convertie en conduite à droite et reçue un grand pare-brise. Le Bordelais l’engagea dans de plusieurs courses dont le Bol d’Or en 1950. Sa dernière course connue fut le Grand Prix de Bordeaux en 1953 où elle se classa en 4ème position.

 

Conservée durant plus de trois décennies dans le musée du Bec-Hellouin puis depuis 1999 par son propriétaire actuel

En 1963, J Lapaillerie cède la Simca Gordini 8 à Christian Chassaing de Borredon et elle sera exposé dans son musée du Bec-Hellouin à partir de 1968. Après son décès, son épouse cèdera #823885 à Jean-Paul Lafuge en 1993. M Jacques Ribourel en fera l'acquisition et il la cédera à M Bernard. C’est auprès de ce dernier que son propriétaire actuel fera l’acquisition de cette vétérante des 24 Heures du Mans en 1999. Elle a ainsi passé ses 26 dernières années au sein de la collection de notre vendeur!

Étant une avant-guerre avec une traçabilité parfaite, un historique de course particulièrement riche et symbolisant une page importante de la course automobile, il n’est pas surprenant qu’elle ait été exposée à de nombreuses occasions dans des salons ou des manifestations de premier plan. C’est ainsi qu’elle fut présentée lors du tout premier Le Mans Classic en 2012 et à nouveau en 2018 où elle a remporté le prix FIVA de Le Mans Heritage Club.

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Cette superbe Simca Gordini 8 vétérante des 24 Heures du Mans et des courses les plus prestigieuses d'avant et d'après guerre dégage une très forte impression. Sa patine témoigne d'une vie bien remplie et d'une riche histoire. A son volant, elle se montre agile et véloce et l'on comprend pourquoi Amédée Gordini avait était surnommé "le Sorcier". Décidément ces avant guerre Française ne sont pas prêtes d'arrêter de nous faire tourner la tête...

Amateurs de belles voitures, à vous de jouer!   ​

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Historique de course

06-07/06/1938 - Bol d'Or - Amédée Gordini (Ecurie Gordini) - Vainqueur (#30)

18-19/06/1938 – 24 Heures du Mans - Jean Breillet / Jean Viale (Ecurie Gordini) – Abandon (#38)

09-10/07/1938 - 24 Heures de Spa-Francorchamps - Jean Breillet / Jean Viale (Ecurie Gordini) - Abandon accident (#62)

20/08/1938 - Grand Prix de La Baule - Jean Breillet (Ecurie Gordini) - 7ème (#8)

03/09/1938 - Tourist Trophy - Jean Breillet / Albert Debille (Ecurie Gordini) - 7ème et Vainqueur de catégorie (#31)

11/09/1938 - 12 Heures de Paris (Paris-Nice) - Jean Breillet / Albert Debille (Ecurie Gordini) - Abandon (#66)

25/09/1938 - Lapize Hillclimb - Jean Breillet (Ecurie Gordini) - 1er de catégorie (#127)

05/05/1939 - Rallye Olazur - Robert Cailleux (Ecurie Gordini) - 7ème (#4)

07/05/1939 - Grand Handicap Olazur - Robert Cailleux (Ecurie Gordini) - 2ème (#4)

17-18/06/1939 – 24 Heures du Mans - Guy Lapchin & Claude Plantivaux (Ecurie Gordini) - 13ème & 2ème de catégorie (#41)

09/07/1939 - Sports Commission Cup - Joseph Paul (Ecurie Gordini) - 6ème & 3ème de catégorie (#32)

09/09/1945 - Robert Benoist Cup - Robert Cayeux (Ecurie Blanche et Noire) - 7ème & 3ème de catégorie (#3)

22/04/1946 - Coupe de la Mediterranée - Albert Alin (Albert Alin) - 4ème (#10)

12/05/1946 - Grand Prix de Marseille (coupe de la Commission sportive de l'ACMP) - Albert Alin (Albert Alin) - 8ème (#7)

19/05/1946 - Grand Prix du Forez (Coupe de la Ville de St Etienne) - Albert Alin (Albert Alin) - 4ème (#7)

09/06/1946 - Grand Prix de Saint Cloud (Coupe du Conseil Municipal) - Albert Alin (Albert Alin) - 8ème (#33)

16/06/1946 - Belgian GP, 1,100-cc support race - José Scaron (Ecurie Gordini) - 3ème (#12)

08/07/1946 - Grand Prix de Bourgogne - Albert Alin (Albert Alin) - 8ème (#34)

28/07/1946 – Coupe de Nantes - Albert Alin (Albert Alin) - 12ème (#7)

14/03/1950 - Lesparre-Medoc - Jacques Lapaillerie (Jacques Lapaillerie) - Abandon (#26)

03-04/06/1950 - Bol d'Or - Jacques Lapaillerie (Jacques Lapaillerie) - Abandon (#31)

03/03/1953 - Bordeaux Grand Prix - Jacques Lapaillerie (Jacques Lapaillerie) - 4ème (#28)​

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Crédit Photo : Kevin Van Campenhout pour Ascott Collection