Au milieu des années 2000, Peugeot annonce son retour aux 24 Heures du Mans avec la 908 diesel, défiant ainsi Audi, déjà quintuple vainqueur. Ce duel attire d'autres concurrents, comme Aston Martin et Epsilon Euskadi, une équipe espagnole originaire du Pays basque, qui a vu le jour en 2004. Fondée par Michel Lecomte, Joan Villadelprat et Jordi Caton, cette équipe développe un projet ambitieux : construire une LMP1 maison, l’EE1, entièrement conçue et fabriquée localement, avec un châssis en fibre de carbone et un moteur Judd V10 de 650 ch. La boîte de vitesse est produite par Ricardo, qui équipe également les Peugeot.

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Epsilon, une naissance en France

Pour comprendre pleinement les origines d’Epsilon Euskadi et la genèse de l’EE1, il faut remonter au Mans. En décembre 1999, Michel Lecomte fonde Epsilon by Graff à Changé (Sarthe), après avoir quitté le Graff Racing. Dès 2001, les résultats commencent à sourire, avec la victoire de Franck Montagny lors de l’Open Telefonica by Nissan (ancêtre des World Series by Nissan). Cependant, Ander Vilarino, champion de F3 espagnol cette même année, ne parvient pas à décrocher le titre en 2002 et 2003 pour l’équipe, ce qui pousse Michel Lecomte à demander à ses partenaires une évaluation de Epsilon by Graff. Son objectif : fusionner l’équipe, le bureau d’études et le centre d’excellence pour créer une structure unique. Cet effort convainc des investisseurs espagnols, à condition d’établir ce projet dans la région du Pays basque. C’est ainsi qu’émerge Epsilon-Euskadi, basé à Azkoitia, dans la communauté autonome du Pays basque. Les trois figures clés sont alors Michel Lecomte, Joan Villadelprat (directeur) et Jordi Caton (team manager).
La région s’engage en mettant à leur disposition un local de 4 000 m² pour développer une véritable université technique dès 2004. Le Master, réalisé en partenariat avec l’Université de Mondragon, connaît un franc succès : dès l’obtention du diplôme, certains étudiants intègrent des équipes prestigieuses telles que Toyota F1, BMW, Red Bull ou évoluent dans le paddock de la GP2.
Les bonnes performances se poursuivent en 2005 avec Robert Kubica, qui remporte quatre courses, décroche le titre de meilleur pilote, tout en offrant le titre de « meilleure écurie » à Epsilon. Les ambitions deviennent grandioses… Indianapolis 500, Formule 1, 24 Heures du Mans : les Espagnols rêvent de relever un défi majeur. L’Indy ? Trop complexe et éloigné du marché local. La F1 ? Très coûteuse et peut-être trop ambitieuse. Alors, dans l’un des grands bâtiments de l’enceinte, une idée folle voit le jour : construire une LMP1 100 % maison.

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Aux origines de l’EE1

Voir un constructeur espagnol au départ des 24 Heures du Mans, c’est un événement relativement rare depuis Pegaso en 1953 avec deux Z-102 (qui ont pris part aux essais mais pas à la course). Le projet fou d’aller en endurance est pourtant lancé en 2005. Lecomte quitte la structure, et monte une équipe avec Juan Barazi, baptisée Barazi-Epsilon.

John Trevis (un ancien de chez Lola) supervise au départ une équipe de jeunes, sortis de l’université, pour ce projet LMP1. Au Pays-Basque, on dessine, on fabrique des pièces. Tout est fait maison ! Les vastes ateliers sont bien équipés : cabine de peinture, autoclave pour la fabrication de pièces et de matériaux composites, soufflerie… La somme de 65 millions d'euros d’investissement est avancée à l'époque.

Sergio Rinland rejoindra le projet en 2007 pour finaliser ce qui allait devenir l'Epsilon Euskadi EE1, John Trevis est remplacé. Le prototype est construit autour d’un châssis en fibre de carbone avec des suspensions push-rod à l'avant et à l'arrière. Comme Audi et Pescarolo, Epsilon-Euskadi fait réaliser le moulage des carrosseries en Italie (chez Camatini). La voiture est équipée d'un moteur Judd GV5.5 configuré en V10 à 72° en position centrale, d'une puissance de 650 ch à 7000 tr/min. Celui-ci est relié à l'essieu arrière par une boîte de vitesses séquentielle à six rapports, développée par Ricardo. L'ensemble affiche un poids de 900 kg, ce qui lui confère un rapport poids/puissance de 1,38 kg/ch.

 

L'EE1 est l'une des rares LMP1 coupé de l'époque et dotée d'un moteur Judd 5,5 l

Le prototype fait ses débuts en 2008, participant aux Le Mans Series et aux 24 Heures du Mans, où il se distingue par ses performances encourageantes. En effet la voiture réalise de très bons temps: 1'4365 au Nürburgring, 2'075 à Spa et 3'3294 au Mans.

Cependant, la crise économique et une affaire de corruption impliquant des fonds publics espagnols ont forcé l'arrêt du projet. L’EE1 reste la seule voiture fabriquée en Espagne à avoir participé aux 24 Heures du Mans, incarnant une aventure passionnée et unique.

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Elle est éligible au Mans Classic Legends et à de nombreuses courses

Aujourd’hui, ce prototype est proposé à la vente et apparaît comme une candidate idéale pour la future série Legends of Le Mans, qui débutera en 2026. Elle offrira une alternative plus accessible et authentique aux LMP1 diesel. Cette superbe LMP1 bénéficie en effet d'une importante éligibilité : les courses HSR aux États-Unis, le Masters Endurance Legends, le Dubai Historic et, depuis peu, le Mans Classic.

La voiture est proposée en tant que châssis roulant et il est possible d'acquérir un moteur Judd séparément.