1972 DUCKHAMS LM
-
Le premier prototype développé par Gordon Murray
-
Un modèle unique au monde engagé aux 24 Heures du Mans en 1972, 1973 et 1974
-
Une voiture compétitive et éligible au Mans Classic
ELIGIBILITE
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
LE MANS CLASSIC
CLASSIC ENDURANCE RACING by PETER AUTO
DAYTONA CLASSIC 24 HOUR by HSR
ROLEX MONTEREY MOTORSPOSTS REUNION
SEBRING CLASSIC 12 HOUR by HSR
Marque
DUCKHAMS
Modèle
72 LM
Année
1972
Châssis
MONOCOQUE ALUMINIUM
Carrosserie
FIBRE DE VERRE
Moteur
COSWORTH V8 DFV - 3,0 LITRES
Puissance
490 CH. @ 10 000 T/MIN
Boite de vitesse
HEWLAND 5 VITESSES
Poids
700 KG
L’année 1972 est marquée aux 24 Heures du Mans par une très forte présence française, couronnée de succès par la domination de l’équipe Matra Simca Shell, et la victoire de l’équipage Graham Hill / Henri Pescarolo devant François Cevert et Howden Ganley. Si Porsche parvient à hisser une 908 LH sur la dernière marche du podium (pour Reinhold Joest / Michel Weber / Mario Casoni), l’opposition venue d’Angleterre aussi était très forte. L’équipe Duckham's Oil Motor Racing, avec la Duckhams LM aujourd’hui proposée par Ascott Collection, faisait partie des outsiders. Cette voiture est exceptionnelle pour plusieurs raisons : elle cumule trois participations aux 24 Heures du Mans (de 1972 à 1974), fut une création unique (un seul châssis assemblé à l’époque) et est l’œuvre d’un génie, Gordon Murray.
Alain de Cadenet et Gordon Murray : c’était un rendez-vous
Débutant aux 24 Heures du Mans en 1971 avec l’Ecurie Francorchamps sur une Ferrari 512 M, Alain de Cadenet vit une première expérience animée. A cause d’un accident avec une Lola lors de la Targa Florio moins d’un mois avant Le Mans, il avait momentanément perdu en partie sa vision de l’œil gauche. Mais il repartait en étant amoureux de l’épreuve, se jurant d’y revenir pour s’imposer…
A l’époque, le règlement change : ce sont de nouveaux modèles sport qui sont imposés, avec une nouvelle limitation de la cylindrée. La CSI impose qu’en Groupe 5, celle-ci soit limitée à 3 000 cm3. Pour gagner au général, il faut un prototype qui répond à cette condition. Les Porsche 917 et Ferrari 512, auxquelles certaines équipes privées ont accès, sont devenues obsolètes. Alain de Cadenet a alors l’idée de se tourner vers la « petite » Ferrari, la 312PB. « Ferrari utilisait la 312PB, selon moi une de leurs plus belles créations, comme un petit kart dérivé de la Formule 1 confie Alain de Cadenet. Je suis allé à l'usine pour voir s'il était possible d'en piloter une, et on m'a dit qu'ils ne les vendraient jamais à des privés car elles étaient "trop difficiles à piloter". J'étais furieux, car je me considérais parfaitement capable de les faire rouler ». Ne parvenant pas à vendre sa F1 Brabham BT33 achetée plus tôt, et ne pouvant ni acheter ni louer une Ferrari 312PB, il doit réagir.
Vexé, Alain de Cadenet a alors en tête de construire un prototype. Propriétaire d’une BT33 de Formule 1, il a des « connections » avec la structure Motor Racing Developments Ltd. (MRD), qui assemble les Brabham. Un certain Gordon Murray y est designer depuis quelques années (avant de passer ingénieur en chef et directeur technique du programme Brabham F1 en 1973). Alain de Cadenet remarque Gordon Murray, le décrivant comme un jeune homme qui « avait cette façon innée de décrire les détails techniques dans un langage simple ». Et si Gordon Murray était l’homme de la situation ? « Je lui ai demandé : Pensez-vous que vous pourriez concevoir un châssis biplace ressemblant un peu à une Ferrari 312PB pour l'adapter à mes pièces Brabham ? Et c'est exactement ce qu'il a fait ». Cette mission se déroule la nuit, en dehors de ses heures de travail, le patron Bernie Ecclestone n’ayant pas approuvé le projet.
La naissance de la Duckhams LM
Résumer la Duckhams LM a un clone de Ferrari 312PB est à la fois faux et injuste. Si c’est la voiture italienne qui fut l’inspiration logique, la Duckhams LM3 (un 3 comme « trois » litres), possède ses particularités.
La Duckhams LM est pensée pour favoriser l’utilisation de certaines pièces Brabham que possède de Cadenet, comme nous l’avons dit. Gordon Murray conçoit une monocoque tout en y adaptant les suspensions de rechange de la F1 Brabham. En aluminium riveté, elle reçoit les trains roulants de la BT33. La carrosserie en fibre est réalisée par ProToCo.
Autre contrainte, il faut favoriser pour des questions de temps et d’approvisionnement des pièces anglaises. La Duckhams LM devient un prototype 100% Anglais ou presque : le moteur est un Cosworth DFV en provenance de McLaren, utilisé en F1 lors du Grand Prix de Belgique. Il avait permis à Bruce McLaren de décrocher son seul succès de la saison en F1 (son dernier dans la discipline) avec la McLaren M7A. Il développe 400 chevaux à 9 000 tr/min ou 395 chevaux à 8 500 tr/min.
Ce bloc est couplé à une boite Hewland DG 300. Pour les freins, de Cadenet sélectionne des AP. Tout le travail est réalisé en un temps record, environ six à huit semaines. Tout se déroule dans un garage situé à Petersham Mews, dans le quartier de South Kensington, à Londres.
Plusieurs sources avancent un coût total du projet à l’époque de 7000 £, dont 250 £ pour le travail de Gordon Murray. Alain de Cadenet s’assure des rentrées financières via le cigarettier Camel, mais surtout le fabricant d’huiles Duckhams. C’est cette marque qui donne son nom à la voiture. Une pratique qui se multipliera par la suite (Mirage Gulf, Inaltera, etc.).
La Duckhams LM dans son jardin du Mans
Avec son ADN anglais mais commissionnée par Alain de Cadenet qui possède des origines françaises, la Duckhams LM est prédestinée à rouler en Sarthe. Absente de la première liste des engagés, elle rejoint la liste des voitures de réserve en catégorie prototypes. Finalement, Alain de Cadenet obtient le feu vert.
Avant de se dévoiler lors des vérifications techniques, son programme d’essais est réduit. Une vingtaine de tours du circuit de Silverstone aux mains de Chris Craft a été réalisée le lundi avant Le Mans. On suppose que le trajet sur l’autoroute – via la M4 – a été mis à profit pour faire rouler la voiture, tout comme quelques sorties dans la campagne sarthoise.
Les commissaires techniques valident l’auto. Sa première course est un récital ou presque, une excellente prestation pour une voiture aussi jeune : la commande d’accélérateur donna quelques signes de faiblesse, puis le capot avant se décrocha à Arnage suite à une sortie de piste de Chris Craft, lors de la survenue d’une averse. La voiture occupait alors une belle 5e place au général. Arrêtée à son stand pour être réparée pendant 1 h 10 minutes, la Duckhams LM voyait l’arrivée en 12e position. Mais sur le plan mécanique, elle ne souffre d’aucun problème. Certes Duckhams est bien née !
En 1973, la Duckhams LM revient en Sarthe avec une carrosserie évoluée. Le capot arrière est allongé et un aileron arrière fait son apparition. C’est la version « Long tail » de la voiture de 1972. Toujours sous la bannière Ecurie Duckhams Oil Motor Racing, Alain de Cadenet et Chris Craft ne voient cette fois pas l’arrivée. Ils cassent une suspension à la 13e heure de course.
Rebaptisée De Cadenet LM, la voiture reçoit une nouvelle carrosserie en 1974. Cette fois la queue longue est abandonnée et un aileron arrière proéminent est montée sur deux mats.
Pour sa troisième participation consécutive aux 24 Heures du Mans, la voiture sera pilotée par Chris Craft et John Nicholson, Alain de Cadenet étant inscrit mais ne roulant pas. Son rôle était de qualifier la voiture et de prendre le volant – éventuellement – en cas de besoin. Un rôle de « pilote de réserve ». Une rupture de suspension à la 15e heure de course privera l’equipage de voir la ligne d’arrivée.
Cette troisième participation de la Duckhams LM permet à la voiture de devenir la toute première De Cadenet engagée. Le pilote va en effet devenir constructeur, et engager ensuite des voitures dérivées de Lola, avant de se présenter avec une véritable création « personnelle » en 1977.
La première création de Gordon Murray
Paradoxe, si la Duckhams LM impressionne les observateurs et parvient à réussir sa première participation en Sarthe, ce n’est pas le cas de Ferrari. La marque italienne, qui avait gentiment remercié Alain de Cadenet lorsqu’il voulait engager une 312PB, n’est même pas venue. A cause de faiblesses dans la transmission et d’une consommation d’huile déraisonnable (on parle de plus de 40 litres d'huile pour Jacky Ickx et Mario Andretti aux 12 heures de Sebring), Ferrari a décidé de ne pas se confronter à Matra frontalement sur un double tour d’horloge…
« C’est cette voiture qui a lancé ma carrière » expliqua M Gordon Murray à propos de cette Duckhams LM. Une carrière qui allait notamment être marquée par la mythique McLaren F1, dont la version de course – la F1 GTR – a remporté les 24 Heures du Mans en 1995.
Ascott Collection est fier de proposer à la vente une voiture unique au monde et chargée d’histoire et très compétitive sur la scène historique en particulier au Mans Classic. La voiture est proposée dans sa configuration de 1972, et les carrosseries de 1973 et 1974 font partie du lot de pièces.
M Gordon Murray a délivré un certificat d’authenticité de la voiture au propriétaire actuel.